Par Sanghita Bhattacharyya et l’équipe de facilitation CH-CoP
Le champ de compréhension de ce qui constitue la santé communautaire évolue. Et il continuera à le faire dans les années à venir. Les experts ont tenté de définir la santé communautaire comme étant la relation et le processus d’interaction entre les divers acteurs pour promouvoir, protéger et préserver la santé dans les communautés et les ménages. Elle est reconnue comme un composant essentiel des systèmes de santé où la communauté n’est pas simplement bénéficiaire, mais aussi une actrice engagée dans sa santé.
La communauté peut faire avancer les normes sociales en faveur d’une bonne santé, prester des services, superviser les centres de santé et renforcer la redevabilité générale du système de santé. Il y a encore bien des choses à faire et un besoin d’explorer les possibilités pour les pays d’aligner leurs efforts de renforcement du système de santé en revitalisant le système de santé communautaire.
Il existe de nombreuses possibilités d’apprentissage inter-pays, non seulement sur les questions relatives aux agents de santé communautaire, mais aussi, plus largement, sur la façon de définir et de renforcer les différents domaines de la santé communautaire. En effet, certaines questions, parfois spécifiques à un pays et un contexte, restent encore sans réponses. Par exemple: quelles seraient les mesures à prendre, quelle serait la meilleure manière de centraliser l’information, comment améliorer et de renforcer l’approvisionnement en fournitures de première nécessité dans la communauté, comment responsabiliser la communauté? Ce sont là quelques exemples de points que la communauté mondiale de la santé pourrait définir et résoudre de manière collaborative, à l’aune des enseignements spécifiques au pays.
La conférence de Johannesbourg: la première étape
En mars 2017 s’est tenue à Johannesbourg la conférence Institutionalizing Community Health (ICHC), organisée conjointement par USAID et l’UNICEF. Elle a été, pour les pays, l’occasion de consigner leurs progrès et de définir les priorités des programmes et des politiques avec une vision communautaire de la santé. En conséquence, 400 défenseurs de la santé communautaire (parmi lesquels des membres du gouvernement et de la société civile, des cadres du secteur privé, des décideurs politiques, des gestionnaires et praticiens, des chercheurs, des représentants d’organisations bilatérales et multilatérales ainsi que des bailleurs) de 44 pays ont adopté une liste de 10 principes critiques, et 22 pays ont énoncé leurs plans d’action nationaux. Les pays se sont également accordés sur le besoin d’une plate-forme qui permettrait le partage des connaissances entre les pays. L’un des 10 principes énonçait une collaboration entre les acteurs de la mise en oeuvre et les chercheurs, qui travaillent souvent en silos séparés. Un besoin réel de recherche, de suivi, d’évaluation et d’apprentissage en temps réel s’est exprimé, de sorte que des interventions réussies puissent être adaptées et les innovations réalisables puissent être reproduites et généralisées. Les délégués des pays voulaient poursuivre sur cette lancée, de sorte que la vision d’une communauté de pratique (CoP) est sortie encore renforcée de la conférence.
Les communauté de pratique sont des groupes de personnes qui partagent une passion pour ce qu’ils font et qui interagissent régulièrement pour apprendre à mieux le faire. Adoptées comme stratégie de gestion des connaissances (KM, knowledge management) dans les grandes entreprises, elles sont également de plus en plus adoptées dans les secteurs sociaux comme l’éducation et la santé mondiale. Elles sont un puissant moteur d’échange entre les différentes parties prenantes allant des praticiens, des responsables de la mise en œuvre de programmes, des décideurs politiques et des chercheurs afin de faire progresser le programme de connaissances autour d’une stratégie spécifique.
Une communauté supranationale peut en effet constituer un lieu pour les réseaux collaboratifs entre pairs, animé par la participation volontaire de ses membres axée sur l’apprentissage, le partage de connaissances, le développement d’expertise et la résolution de problèmes. Comme nous vivons dans un monde connecté où l’accès à l’information et son partage sont à portée de clic, une communauté de la santé véritablement mondiale peut facilement appliquer ce concept de CoP au domaine de la santé communautaire. Une forte collaboration Sud-Sud peut faire avancer le programme de santé communautaire, et une plate-forme dynamique peut être un point de départ pour apprendre et contextualiser des facteurs susceptibles de contribuer au succès de la mise en œuvre.
Lancement de la nouvelle CoP CH
C’est désormais chose faite! Nous sommes heureux de vous annoncer que votre plateforme CH-CoP a été lancée cette semaine. Elle est dirigée par une équipe de facilitation internationale, avec le soutien technique de l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers. Nous visons une CoP bilingue (français et anglais) créant de la valeur pour tous ceux d’entre vous qui s’intéressent au vaste domaine de la santé communautaire. Au cours de cette première année, nous concentrerons nos efforts sur les décideurs politiques, les professionnels de la santé, les planificateurs, les agences de financement et d’exécution, les organisations non gouvernementales, les organisations de base, les startups et les instituts de recherche à tous les niveaux (régional, national et international), tous réunis dans une seule plateforme qui permettra le partage des connaissances, la collaboration et l’action au niveau des pays.
En ce qui concerne les champs d’action, une dynamique puissante a été amorcée à Johannesburg. Ensemble, nous continuons à développer notre programme d’apprentissage collectivement. Nous anticipons des questions d’intérêt telles que: comment intégrer les agents de santé communautaire dans le système de santé plus large, comment assurer la qualité des services de base, comment rémunérer les acteurs de la santé communautaire, quelle structure de gouvernance et de redevabilité, comment impliquer la société civile, les organisations religieuses et le secteur privé et comment exploiter au mieux les innovations technologiques. Ces domaines indicatifs peuvent nous guider dans l’élaboration d’études de cas, de notes conceptuelles, de synthèse de données et d’études collaboratives.
Sur la base d’une confiance établie et d’une ambiance de collaboration, la CdP va, nous l’espérons, stimuler l’élan mondial autour de la santé communautaire. C’est en effet une excellente occasion d’apprendre, de partager et de s’engager avec d’autres professionnels pour promouvoir une santé communautaire de qualité pour nos sociétés. La CoP étant désormais en activité, elle n’attend plus que vous. Pour nous rejoindre, suivez le guide ci-dessous!
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