Une communauté résiliente pour combattre le COVID-19: quelle stratégie d’engagement pouvons-nous apprendre des contextes fragiles dans les pays à ressources limitées?

Alors que le monde entier est devenu vulnérable et fragile face à la pandémie du COVID-19, les présentations et discussions faites dans le cadre du webinaire de notre communauté des pratiques (CH-CoP) ont souligné comment un système communautaire résilient peut faire maillage avec les services de santé pour la réalisation des objectifs sanitaires et de développement.

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Par Sanghita Bhattacharyya & Adalbert Tchetchia

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Vous pouvez accéder au webinaire ici.

Dans le cadre de la série des webinaires de la CH-CoP et plus spécifiquement du webinaire intitulé “Offre des services de santé au niveau communautaire: expériences pays dans les contextes de fragilité”, les résultats obtenus du Libéria et du Cameroun montrent que les interventions communautaires impliquant de multiples acteurs locaux sont essentielles pour accélérer la fourniture de services, comme la vaccination des enfants dans le cas du Cameroun ou la gestion des épidémies comme celle d’Ebola au Libéria. Les défis liés à l’offre souvent rencontrés dans les contextes fragiles sont la perturbation des services de routine, la rupture de la chaîne d’approvisionnement, la réduction des effectifs, leur détournement des services de routine ainsi qu’une coordination et supervision limitées. Les acteurs du système de santé priorisent souvent ces défis du côté de l’offre, ce qui est très nécessaire pour lutter contre les crises sanitaires. Mais il ne faut pas négliger les défis liés à la demande, où l’engagement des communautés peut jouer un rôle essentiel en fournissant un soutien structurel aux services de santé.

Les expériences des pays montrent que l’absence d’engagement avec les communautés entraîne une méfiance, une menace pour le personnel de santé et une duplication des efforts. Ainsi, une meilleure coordination et un meilleur engagement conduisent à “moins de suspicions, moins de tensions et moins d’oppositions”. Un plan bien défini visant à impliquer la communauté dans la lutte contre une pandémie, à l’exemple du COVID-19, permettra d’accéder facilement d’atteindre la communauté, d’utiliser les structures sociales existantes pour diffuser des messages sanitaires, améliorer la pris en charge, la surveillance et mettre en œuvre des solutions innovantes adaptées au contexte local. L’expérience d’Ebola au Liberia met en évidence les quatre principes de l’engagement communautaire : autonomisation, participation, consultation et information. Pour ce qui est du Cameroun, la gestion de la fragilité dans la partie Extrême-Nord du pays relève la complexité des interventions communautaires mises en œuvre du fait des différents acteurs de la communauté, des processus induits par le système de santé et la communauté et du paquet intégré des soins de santé. La stratégie que le Cameroun et le Liberia ont adopté pour faire participer les communautés consiste en une démarche itérative mettant en vue l’importance de moments décisifs à l’instar de l’identification des leaders communautaires clés (champions), les processus de responsabilisation et de redevabilité sociale, la prise des décisions participatives, la détermination des objectifs, l’utilisation des pairs en matière d’éducation à la santé.

Avec plus de 160 participants au webinaire, la discussion a été très spontanée, avec un partage des expériences pays et des défis rencontrés, notamment ceux de communication avec la communauté en contexte de confinement. Certaines des suggestions ont porté sur l’utilisation du mégaphone, l’exploitation des médias sociaux et d’autres solutions adaptées fournies par les technologies de l’information et de la communication (informations médicales vérifiées), le recours aux champions communautaires dans différents domaines pour diffuser le message ou consolider la confiance avec les populations locales. Avec la pandémie, l’info-démie se présente comme un défi majeur qui nécessite une stratégie adaptée à chaque contexte local, où il serait utile de baser la communication sur des personnes crédibles pouvant être des chefs ou leaders communautaires, des scientifiques de renom. L’implication des chefs religieux, en particulier lorsque les personnes vivent dans l’anxiété, peut également constituer une des interventions psychosociales majeures. Il est aussi ressorti des exemples de pays qui via des programmes existants exploitant la technologie (téléphone portable), utilisent les agents de santé communautaire pour les messages préventifs et la détection précoce des cas dans la riposte au COVID-19. Certaines préoccupations ont été exprimées concernant la sécurité des ASC et, plus généralement, la reconfiguration des programmes communautaires dans ce contexte. Des pays ont également fait part de leurs inquiétudes quant à l’utilisation de mesures coercitives pour imposer les mesures de confinement. Sur ce dernier point, les troubles politiques et la pauvreté sont apparus comme des défis à la mise en œuvre des mesures de confinement et de quarantaine.

Les discussions menées lors du webinaire ont souligné la nécessité d’une approche participative impliquant différents réseaux sociaux dans une approche de- “Combat avec les Services de Santé”. Les leçons tirées de l’épidémie d’Ebola, la manière dont la stigmatisation a été gérée, le rôle de la communauté dans le suivi des cas contacts, peuvent être un apprentissage. La façon dont plusieurs pays à ressources limitées ont géré l’épidémie peut également servir d’apprentissage pour les pays à haut revenu donnant ainsi une opportunité pour l’échange des connaissances “Sud-Nord” et pas seulement Nord-Sud.

Un engagement significatif de la communauté dans les efforts de réponse à la pandémie actuelle du COVID-19 est très nécessaire, ce qui peut accroître la confiance, améliorer la communication et les efforts de collaboration — autant de conditions nécessaires à la résilience des systèmes de santé. Au lieu d’une stratégie “top-down”, une approche “bottom-up” pour gérer la crise sanitaire est nécessaire. Pour que le système de santé soit résilient, il est indispensable d’impliquer la communauté, tous les efforts étant destinés à avoir des communautés en bonne santé.

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