Méthodologie du walkshop: quelques nouvelles leçons

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Après notre première expérience à Profondeville (Belgique) et notre seconde à Bujumbura (Burundi), nous avons eu une nouvelle opportunité pour pratiquer la méthode d’intelligence collective que nous avons appelée le walkshop. La configuration de cette expérience à Namur ayant été légèrement différente à celle des deux précédentes, il y a de nouvelles leçons à tirer.

Mise en contexte

Avec la méthode du walkshop, nous essayons de valoriser deux mécanismes favorables à la créativité : l’interaction entre personnes ne travaillant pas ensemble (qui viennent donc avec des expériences différentes d’une certaine question ou pratique) et la marche (qui plus propice à la pensée créative que la posture assise).

Ce walkshop du 11 janvier à Namur était différent de nos expériences à Profondeville et Bujumbura. Tout d’abord, il n’était pas organisé par Collectivity ou moi-même : j’étais là en appui méthodologique pour accompagner les animateurs du Centre Permanent pour la Citoyenneté et la Participation. Ce centre, basé à Bruxelles, est impliqué dans l’animation du mouvement politique “Il fera beau demain“. Le walkshop s’intégrait dans le congrès de lancement de ce processus politique ambitieux.

Cette configuration nouvelle constituait donc une situation potentiellement riche d’apprentissage de mon point de vue. Il y avait tout d’abord une contrainte sur la durée : nous avions une petite après-midi pour l’ensemble de l’activité (briefing compris). Dans nos éditions précédentes, nous disposions d’une petite journée. Le profil des participants était aussi différent. Pour nos éditions précédentes, la participation avait été organisée via des annonces sur Collectivity (ici et ici). Cela nous avait permis d’ouvrir l’activité à toute personne intéressée. Cette fois, l’activité était sur invitation ; les participants étaient les coordinateurs de ce processus politique.

Il y avait enfin une différence en termes d’objectifs. A Profondeville et  Bujumbura, nos groupes étaient organisés autour de thématiques de société (ex. la transition écologique, la malnutrition des enfants), les marcheurs étaient invités à réfléchir sous la conduite d’experts de ces questions, mais sans objectif personnel précis. A Namur, les marcheurs étaient invités à se pencher sur des questions à contenu opérationnel (il s’agissait de les préparer à leur rôle d’animation du mouvement  politique dans leur bassin de vie). La guidance était donc orientée vers l’atteinte d’objectifs très concrets (par exemple, apprendre à expliquer la nature du nouveau mouvement).

Un parcours idéal

Tant à Profondeville qu’à Bujumbura, nous avions privilégié la qualité de la promenade. Nous avions choisi des parcours avec un certain dénivelé – les promenades en avaient été belles et sportives. Le revers de la médaille avait été que ces dénivelés avaient aussi constitué des barrières à la participation pour les personnes à mobilité réduite; ils avaient aussi affecté, par endroit, l’efficacité de la réunion (quand on monte, on est à court d’haleine, mais aussi d’idées).

Avec Thierry, l’autre organisateur du walkshop à Namur, nous avons décidé qu’un groupe serait sédentaire (en salle) – on évitait ainsi d’exclure certains. Nous avons aussi opté pour un parcours court et plat. Le centre du congrès étant proche de la Sambre, le parcours allait de soi. En Belgique, beaucoup de cours d’eau sont longés par ce qu’on appelle des chemins de halage; ils datent du temps où les bateaux de marchandise n’étaient pas encore motorisés et devaient être tirés de la rive par des hommes ou des chevaux. Comme à Namur, ces chemins de halage sont parfois des deux côtés des rivières – en pleine ville, nous avons donc pu faire une boucle, sans être confronté aux autos et au bruit, avec plein d’espace pour parler à plusieurs de front. C’était parfait.

Leçons

L’activité avait été bien préparée. L’équipe organisatrice avait notamment mis par écrit un déroulé de l’activité précisant qui dirait quoi, durant combien de temps, etc. Cela a facilité la coordination entre facilitateurs avant et pendant l’activité. Quand durant l’après-midi, il a fallu faire des choix pour adapter le programme, il a été assez aisé d’identifier les étapes qui pouvaient être abrégées ou abandonnées.

Nous étions autour de 40 participants au total, distribués en trois groupes (deux de marcheurs et un groupe ‘sédentaire’ de 7 personnes). Les participants venant de différentes régions du pays, ils ne se connaissaient pas ou peu. Il s’est confirmé que le walkshop est un excellent format pour faire connaissance et tisser du lien sans appréhension. La marche est conviviale et facilite ainsi le partage d’expériences.

Nous avons fait une pause à mi-parcours, soit après un peu plus de 2 km. Nous en avons profité pour procéder à un premier débriefing, tous ensemble, sur le premier exercice. A nouveau, l’espace, un petit amphithéâtre en bord de Sambre était parfait. On a pu aussi y faire notre photo de groupe. En matière de durée totale, il est ressorti qu’un walkshop, compte tenu qu’il inclut également un briefing et une synthèse finale, doit probablement s’écouler sur un temps minimum de 4 heures. Un temps plus court risque de compromettre la démarche d’apprentissage en groupe (parce que l’on ne prendra pas le temps de la synthèse).

Comme lors des deux éditions précédentes, tous les marcheurs étaient grandement satisfaits de l’activité. Ici, ils sont repartis familiarisés avec les défis qui les attendent dans leur rôle de facilitateur local du mouvement « Il fera beau demain ». Ils ont aussi eu l’occasion de créer un premier lien avec certains de leurs pairs (la prochaine étape est de se réunir dans une communauté de pratique). Ils ont enfin pu se familiariser avec la méthodologie du walkshop. Plusieurs ont d’ailleurs marqué leur intérêt pour adopter la méthode dans leur propre travail d’animation dans leur bassin de vie (mais autour de thématiques cette fois). A priori, la méthode semble toute désignée pour mobiliser des citoyens au-delà du strict périmètre d’un parti politique donné. On espère pouvoir vous tenir au courant.

 

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