Nous partageons ici les leçons tirées de la première année d’activités de la Communauté de Pratique «Santé Communautaire» (acronyme en anglais: CH-CoP). Ce compte-rendu est basé sur un rapport construit à partir d’un travail analytique de l’équipe de facilitation (enquêtes, interviews de certains members, analyses de notre plateforme digitale et des rapports intermédiaires de parcours).
Il y’a de cela un peu plus d’un an que la Communauté des Pratiques «Santé Communautaire» a été lancée. Nous avons fait l’expérience d’un voyage à la fois excitant et instructif en tant que communauté constituée aujourd’hui de plus de 250 experts. Nous sommes reconnaissants à tous les membres de leur temps et engagement à mettre en place ce solide réseau. La CH-CoP tire ses origines de la Conférence sur l’Institutionnalisation de la Santé Communautaire (ICHC) tenue à Johannesburg en 2017. L’objectif était de créer une plateforme pour le partage d’expériences de pays à pays et le développement d’un agenda d’apprentissage global et commun sur la santé communautaire. Grâce au soutien de l’Unicef en collaboration avec l’USAID et avec l’appui technique de l’Institut de Médecine Tropicale à Anvers, une équipe de facilitation multipays a été mise sur pied afin d’animer cet ambitieux projet.
Nous sommes heureux de partager avec vous le rapport présentant les principales leçons apprises. Dans ce billet, je reprends quelques messages importants.
Le réseau CH-CoP et ses principales activités
Notre voyage est inachevé, mais il y a déjà des leçons à tirer au moment où nous passons à la deuxième phase de notre projet. C’est avec succès que nous avons lancé la plateforme bilingue (Anglais et Français), qui regroupe actuellement plus de 250 experts. Notre mandat d’avoir des praticiens, managers, chercheurs et décideurs issus du Sud global a été réalisé. Ceci s’illustre par le fait que 65% des experts proviennent de pays à bas ou moyen revenu. Il reste néanmoins que nous continuons de manquer d’experts d’Asie du Sud, de certains pays d’Afrique de l’Est comme l’Ethiopie, la Tanzanie.
Figure1: Répartition des membres suivant les groupes de revenus des pays (Janvier 2019)
Nous avons un bon équilibre de genre (48% de femmes), cependant on observe une meilleure participation des hommes dans les discussions en ligne. C’est là un point à prendre en compte pour amélioration. L’ensemble des activités digitales que nous avons organisées l’année dernière a mobilisé l’intérêt des membres : 113 sujets de discussion lancés par vous ou par l’équipe de facilitation, 200 réponses générées. En moyenne, nous avons eu 250 enregistrements par webinaire avec 56 participations effectives. Les activités menées tout au long de l’année sous forme de blogs, de discussions en ligne, de webinaires, de consultations flash ont pu maintenir l’intérêt des membres pour la CH-CoP. Comme relevé par une experte interviewée dans le cadre de notre évaluation :
«L’objectif principal de mettre en place la CoP était de rassembler les gens sur une plateforme commune en vue du partage d’expériences et leçons. Cet objectif partait de la reconnaissance d’un besoin d’améliorer la santé communautaire en général, de documentation et de partage des connaissances et meilleures pratiques sur les politiques et interventions de santé communautaires dans le monde.»
Le développement d’un agenda d’apprentissage collectif sur la santé communautaire a été une des activités clés menées. Le développement du cadre conceptuel de la santé communautaire a permis de visualiser l’étendue de la santé communautaire, ses acteurs multiples et leurs relations. Ce spectre large d’acteurs, autres que les agents de santé communautaires (ASC) a déjà attiré l’attention des échanges au niveau global. Dans le futur proche, nous allons pouvoir positionner cet agenda d’apprentissage collectif, notamment via les feuilles de route de la santé communautaire en cours de développement par les Ministères de la Santé de différents pays. Ces feuilles de route prennent en compte les priorités nationales pour un agenda commun en vue des investissements dans la santé communautaire et constituent un appel à réduire l’approche fragmentée par l’intégration de la santé communautaire dans les ressources humaines nationales, la chaîne d’approvisionnement et la conception des systèmes d’information. Les membres de cette CoP se sont aussi familiarisés avec nos processus itératifs d’apprentissage. Ainsi, comme le relève un membre:
«Les discussions de la CoP étaient prolongé dans mon pays, les expériences partagées sur la plateforme m’ont aidé à consolider les propositions pour la Côte d’Ivoire. Il y’a une riche base d’informations sur cette plateforme.»
C’est là un bon signe et nous espérons que les membres tireront plus de bénéfices de notre apprentissage collectif.
Avancer vers les prochaines phases à partir des leçons apprises
Sur quels acquis pouvons-nous nous capitaliser au moment où nous entamons la deuxième phase de notre périple de la CH-CoP? Quelques idées ont émergé de l’évaluation de fin d’année, des discussions avec les différents partenaires aussi bien que de l’auto-évaluation de l’équipe de facilitation. L’année dernière nous avons principalement utilisé le forum digital pour les activités. Mais nous savons que rien ne peut être plus bénéfique pour notre co-production que les rencontres en face-à-face, notamment au travers d’évènements co-organisés avec d’autres acteurs de la santé communautaire. Cette année nous aimerions donc saisir l’opportunité des conférences internationales comme la deuxième conférence internationale sur l’institutionnalisation de la santé communautaire, le symposium des agents de santé communautaire pour consolider notre réseau, bâtir la confiance et des relations. Nous espérons que vous répondrez à l’appel!
Nous reconnaissons aussi que jusqu’à présent, nous avons surtout opéré au niveau global et que le moment est venu d’ouvrir une brèche pour des apprentissages spécifiques au niveau des pays. Cet aspect des choses a été souligné par de un nos membres:
«La CoP intervient à un niveau très élevé ou global sans traduction opérationnelle aux niveaux national et local communautaire. Il y’a un besoin pour une présence plus affirmée des pays avec des représentants de pays qui apprennent de la CoP et font des feedbacks à partir des expériences de leurs pays.»
Figure 2: Membres selon les différents niveaux
du paysage de la santé communautaire (Janvier 2019)
Nous envisageons aussi plus de co-production. Ceci peut aboutir à des synthèses de données probantes, des success stories pour chaque domaine thématique du cadre conceptuel de la santé communautaire sous forme de compendium, de notes et d’études de cas. La santé communautaire étant en constante évolution, il est aussi suggéré de mobiliser les expertises présentes dans notre groupe pour développer une matrice de mesure de la santé communautaire. Celle serait un pas important vers le développement d’une typologie pour catégoriser les approches et programmes variés.
La gestion des connaissances est aussi un des mandats clés de cette CoP. Ainsi nous projetons que la page communautaire sur Collectivity puisse offrir plus d’outils, de ressources, de guides pour un large spectre de parties prenantes intéressés à la santé communautaire. Nous aimerons aussi encourager le développement de formes innovantes de matériel et de pratiques de communication pour renforcer le partage des expériences et des bonnes pratiques avec les acteurs communautaires.
Nous n’entendons pas évoluer en vase clos, ainsi nous projetons de développer une collaboration structurée avec des réseaux similaires, à la fois aux niveaux global et pays. Cela offrira plus de dynamiques en termes de partage de ressources, de co-organisation des webinaires et des panels de conférence. Le but est de construire une solide alliance avec des acteurs bien établis de la santé communautaire à la fois aux niveaux global et pays pour plus de cohésion dans le partage des ressources et la stimulation des interactions.
Le moment est venu de pousser fortement pour un apprentissage collectif sur la santé communautaire! Nous pensons qu’après un an d’existence, la CH-CoP est bien positionnée pour porter au-devant de la scène l’apprentissage interpays sur comment définir et renforcer les domaines variés de la santé communautaire. Considérant le vaste domaine de la connaissance collective et des aptitudes disponibles des expériences pays, ensemble, nous pouvons contribuer de manière significative à faire avancer cette cause. Du reste, l’importance de la santé communautaire a aussi été réaffirmée lors du 40e anniversaire de la déclaration d’Alma Ata, en effet « il s’agit de garder les soins primaires proches des communautés, adaptés aux besoins locaux, offerts par des équipes multidisciplinaires équipées pour gérer la majorité des problèmes de santé sans référence». Tous en piste pour ce beau programme d’action et d’apprentissage!